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Les Chroniques du Dahal
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3 août 2005

Première Symphonie, 'Titan', troisième et qutatrième mouvements - Gustav Mahler

La suite de la Chronique interactive du Dahal, toujours dans le cadre du blog-sitting par Lalaith...

Je rappelle qu'en cliquant sur les titres des mouvements, vous pourvez entendre lesdits mouvements, à la condition de posséder RealPlayer, que vous pouvez le cas échéant télécharger gratuitement, pour Mac ou pour PC, en cliquant .
C'est parti, mon kiki.

3ème mouvement

0’00 : Sur un doux balancement de timbales, un violoncelle solo énonce un thème…. Mais attendez, c’est le célèbre canon de Frère Jacques ! Il est en mineur ici. Et sur ce doux balancement des timbales, qui ne cessera pas avant la section suivante, le canon se développe doucement, puis retourne au silence d’où il était venu.

 

2’36 : Ce sont les hautbois qui introduisent la section suivante. Le climat change, la musique se fait plus sensuelle, plus "aguicheuse", mais toujours dans le tempo initial.

 

3’06 : Mahler introduit alors délibérément la musique populaire dans sa symphonie, à travers cette évocation de musique juive.

 

3’28 : Quelle émotion peut contenir la musique populaire ! Ce chant de violon, contre-pointé par les trompettes, est tout à fait mélancolique. On reste dans de domaine « populaire » jusqu’à ce que, à 4’13 retentisse les appels de timbales du début. L’épisode orchestral qui suit est sublime et Frère Jacques est ramené avec une habileté maîtresse. La transition qui suit se fait tout en douceur.

 

5’39 : La nouvelle mélodie se développe d’allure pastorale, est elle aussi très mélancolique et remarquablement orchestrée : écoutez l’utilisation de chaque pupitre, tout le monde dialogue de concert dans la sérénité, jusqu’à ce qu’imperceptiblement, un climat nettement plus sinistre s’installe avec de sourd et puissants appels de grosse caisse, et de timides appels de flûtes…

 

7’26 : Après un silence, c’est frère jacques qui redémarre, dans un climat plus sombre et profond qu’au début. A 8’06, une nouvelle mélodie fait son entrée et se superpose à Frère Jacques… quelle habileté !

 

8’32 : Sans prévenir, Mahler passe directement au climat « musique juive » dont il se sert comme d’une transition….

 

8’51 : …avant que ne réapparaisse Frère Jacques, agrémenté de quelques couleurs juives !!!

 

9’09 : Puis c’est avec Frère Jacques que Mahler conclut son mouvement, comme il l’avait commencé. C’est un retour au silence progressif, magistralement agencé. Toujours ce balancement obsessionnel des timbales…. Un basson seul, puis une clarinette, et enfin 2 pizzicati des cordes graves qui concluent le mouvement.

4ème mouvement

Génial Mouvement ! Bâti sur une triple ascension, on assiste pour la première fois dans la symphonie à un déferlement de violence orchestrale qui a valu à Mahler de nombreuses caricatures, dont celle ci :

 

mahler_premi_re_symphonie1

0’00 : les trois premières secondes !!! Elles justifient à elles seules la caricature… L’accord de trompettes bouchées donnerait des frissons à un mort ! Une introduction d’une violence inhumaine (les cordes sont phénoménales). On y voit apparaître la plupart des motifs du mouvement, particulièrement ces 4 notes descendantes aux cuivres que l’on retrouve partout (à 0’40).

 

1ère ascension :

 

1’02 : Le premier thème du mouvement est énoncé. Très rythmique et robuste, il est énoncé une deuxième fois plus fort à 1’23 (trompettes).

 

1’36 : Dans un tempo plus lent, voici le motif que l’on trouvait déjà dans le 1er mouvement, écrit en canon d’une remarquable aisance. A 1’51 Le premier thème est repris, cette fois aux trombones.

 

2’02 : Ce passage est d’une plénitude et d’une densité d’orchestre confondante (les cordes, frénétiques sous les cuivres et les timbales, renforcent l'impression de puissance). Il s’agit d’une transition….

 

2’26 : …menant à la deuxième partie du motif ascendant que l’on trouvait déjà dans le premier mouvement, aux trombones.

 

2’43 : Une transition dramatique à souhait ! Amenée par de puissants effets d’orchestre (crescendo violents), elle est construite comme une succession de sursauts, des spasmes, ponctués de coups de grosse caisse, jusqu’à ce que tout se calme, et se ramène à un climat proche de la mort, comme si le personnage décrit musicalement ne bougeait plus.

 

3’32 : Un peu comme dans un rêve, un épisode beaucoup plus calme s’installe maintenant. Une longue mélodie aux cordes. Le génie de Mahler pour écrire une mélodie d’une beauté confondante éclate ici, et sera confirmé dans toutes ses symphonies ultérieures… Les cordes s’épanouissent ici, se passionnant de plus en plus. A 5’11, noter la coda des violoncelles : « gorgeous ! » diraient les Anglais ! Tout se calme alors, puis à 5’34, le climat devient plus mélancolique, comme si ce merveilleux rêve touchait à sa fin et retournait au silence…

 

6’20 : puis brusque changement de climat. Oh, presque rien mais ces cordes graves chromatiques font vite comprendre que l’on est plus dans un rêve… A la clarinette : le premier motif de la symphonie ! A retenir, il sera utilisé plus tard… Quelques motifs circulent, un peu comme des fantômes…

 

2ème ascension :

 

6’45 : Et c’est reparti ! Dans un climat encore plus âpre que dans la « première ascension », les percussions sont renforcées par un Tam-tam (gros gong). Les dissonances sont plus criantes, le très bref passage à 7’12 est presque atonal !

 

7’24 : Curieux changement de climat ! Cela devient d’un seul coup plus badin, plus « facile ». A 7’31 : Ecoutez bien ce timide thème à la trompette ! Il reviendra plus loin aussi…

 

7’54 : C’est dans le climat du début du mouvement que l’on retourne, mais curieusement plus « dansant »… A 8’23, c’est textuellement que l’on retrouve le début de la symphonie, avec le premier thème… Mais….

 

8’52 : Le revoilà, ce thème de tout à l’heure, alors que tout l’orchestre le magnifie cette fois, grâce à un rythme presque implacable des timbales (9’08). Mais tout semble se calmer : l’apothéose n’est pas pour tout de suite. A 9’19, écoutez bien la phrase jouée par les cors : elle ne vous rappelle rien ? Même pas les 4 premières notes ? Bon, on en reparlera… En tout cas cette séquence joueuse semble vouée à l’échec. A partir de 9’45, tout semble se dégonfler…

 

3ème ascension :

 

10’10 : Les lumières d’il y a une minute se sont toutes éteintes. A la place s’est installé la nuit noire qui régnait au tout début de la symphonie, avec le premier thème au violon, les fanfares au lointain, les motifs d’oiseaux (moment magique à 10’40).

 

10’59 : Les violoncelles entament alors une ébauche de mélodie, dans un climat de résignation et de doute, sur une note tenue des contrebasses.

 

11’39 : Une lente montée aux bassons amène… à 12’01, on retrouve le deuxième thème du premier mouvement (au basson) ! Génial « retour » aux sources, sorte de repos régénérateur empli de souvenirs, indispensable pour concrétiser la victoire finale. Le repos continue avec une longue mélodie reposée aux violoncelles (12’16) (observer le contrepoint des violons). Le hautbois prend le relais à 13’12, suspend sa superbe phrase et… à 13’24, Mahler gonfle les voiles, les cordes entament une superbe montée expressive, magnifiée par tout l’orchestre. Expression parfaite du romantisme Mahlérien, cette phrase se repose après un bref climax.

 

14’12 : Soudain, le repos se termine par quelques appels bref des alti… et à 14’25 la marche reprend. C’est le premier thème murmuré par les cordes et mélangé dans un contrepoint assez dense. Le climat est tendu, anxieux. Le thème est énoncé par la clarinette à 14’55, toujours dans ce climat lourd.

 

15’08 : Et revoilà ce fameux thème que l’on retrouve plusieurs fois dans la symphonie. On comprend l’intérêt de l’avoir introduit dès le premier mouvement : Mahler voulait préparer l’auditeur au climax de la symphonie, tant on sait que, si ce thème est par ici, c’est que la victoire n’est pas loin ! Effectivement comme dans le premier mouvement, le climat se tend, le tempo se ralentit… (15’24) on sent, on sait que c’est presque la fin du combat…

 

16’10 : Et Mahler ne nous déçoit pas ! Après une fanfare éblouissante à l’orchestre, on assiste à l’exposition du thème déjà entendu dans le mouvement, projeté dans la lumière (16’23). Le punch de 16’35 marque la victoire définitive : les trompettes clament fortissimo le thème de la victoire tandis que les cordes illuminent l’orchestre de leurs archets. C’est alors que, à 16’51, les trombones énoncent le fameux thème dont je vous ai parlé tout à l’heure sans vous dire d’où il venait : c’est tout simplement le tout premier thème de la symphonie, transposé en majeur, géniale transfiguration de ce motif ! Repris à 17’29 (sur une orchestration éblouissante).

 

17’48 : La coda débute, et se charge de conclure la symphonie sur des trilles des bois et la frénésie des percussions. Remarquer le tremolo de grosse caisse à 18’20 : c’est fin !!! C’est sur deux notes conclusives des violons que s’achève cette première symphonie de Mahler. Les applaudissements sont mérités…"

Cette fois c'est la fin de cette (très) longue chronique...

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